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Choose Africa : La main basse de l’hexagone pour asseoir son influence sur l’Afrique
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Choose Africa : La main basse de l’hexagone pour asseoir son influence sur l’Afrique

Loukman KONATE

23 septembre 2020

En perte d’influence sur le continent africain, la France sort une autre arme secrète dénommée «Choose Africa». « Il s’agit d’une soi-disant initiative dédiée à l’accélération de la croissance des petites et moyennes entreprises en Afrique durant 4 ans. Elle est dotée d’un montant de 2.5 milliards d’euros soit 1640 milliards de FFCA et va accompagner plus de 10 mille start-up et PME africaines d’ici 2022. » Il ne s’agit plus ou moins que d’une volonté de contrôle et de domination de la France sur les économies africaines. Cette carte montre les différents pays d’implantation de l’initiative Choose Africa.

Cette stratégie de verrouillage de la France mise en place par son Président Emmanuel Macron permet à la France de retrouver sa position d’antan sur le continent africain en évinçant par la même occasion la Chine, l’Allemagne, l’Inde et les autres pays sur sa chasse gardée. En effet, Choose Africa de par son objet permet d’avoir une part du capital des entreprises, PME, TPE innovante du continent au moins 35%. On voit le gouvernement français se lance dans du private equity en Afrique

L’urgence pour la France de mettre en place une telle initiative vient du fait qu’elle a perdu des parts de marchés très conséquents. Selon la Coface, entre 2000 et 2017, la part de marché à l’exportation de la France en Afrique est passée de 11% à 5,5%. Cette tendance baissière n’est pas prête de s’arrêter compte tenu de la montée en puissance de certains pays sur le continent africain notamment la Chine et l’Allemagne. Cependant, la France commence à quitter sur sa position défensive pour être très offensive. Cela implique une nouvelle manière d’analyser les rapports entre les pays africains et la France. Cette nouvelle approche remet totalement la vision française sur le continent en cause. Que ce soit au niveau de la diplomatie, du commerce, de la culture, etc.

L’accroissement des parts de marché des autres pays

Partenaire privilégié de l’Afrique jusqu’à la fin des années 90, la France n’est plus que l’ombre d’elle même sur le continent. En effet, avec une croissance forte et soutenue, le continent africain attire et séduit de nouveaux acteurs. Ces derniers se positionnant comme des partenaires de premier plan. C’est le cas de la Chine et de l’Inde qui voient leur part de marché s’accroitre considérablement au détriment de celle de la France. En effet, entre 2001 et 2017, la Chine a vu sa part de marché multiplié par 6 passant de 3% à 18%. Hormis, l’Empire du Milieu, certains pays comme l’Inde, la Turquie, l’Espagne et notamment l’Allemagne font une percée énorme en Afrique.

L’Allemagne est devenue en 2017 le premier fournisseur de l’Afrique en détrônant par la même occasion la France. La stratégie allemande est basée sur la coopération avec l’Afrique et non pour l’Afrique comme le fait la France et certains pays. C’est en cela la force de frappe de l’Allemagne et en passant par le soft power. C’est ainsi que l’Allemagne a lancé plusieurs initiatives africaines comme Compact with Africa dans le domaine du commerce, Pro ! Africa Concept qui vise la simulation au niveau de l’entrepreneuriat avec une enveloppe de 100 millions d’euros, ainsi qu’un plan Marshall pour l’Afrique afin d’apporter une aide au développement au continent Africain. Toutes ces initiatives permettent à la République fédérale de prendre une longueur d’avance sur les autres pays surtout sur la France.

Aussi, le pays met en place une diplomatie très ciblée en fonction de ses besoins et intérêt, mais toujours en s’adaptant au pays et à ses axes stratégiques, ce qui n’a jamais était fait par la France. C’est ainsi que dans certains pays comme le Sénégal qui a une forte vocation religieuse, l’ambassadeur Allemand est un islamologue, en Côte d’Ivoire avec les précédentes instabilités se voit assigner un diplomate docteur en Droit, au Cameroun un spécialiste de l’agriculture, etc. Ces ambassadeurs sont des docteurs ou des spécialistes dans leur domaine respectif. Avec cette stratégie de ciblage, l’Allemagne est au premier plan de l’influence et des sphères décisionnelles qui lui ont permis aujourd’hui d’être le premier partenaire européen de l’Afrique.

Que dire de la majestueuse stratégie chinoise en Afrique ? La Chine s’appuie sur une vision de coopération Sud-Sud. En effet, le pays se positionne en tant que partenaire, mais encore plus comme un pays « frère » en apportant financements et infrastructures.

Pendant que les pays occidentaux jouent au jeu de l’échec avec l’Afrique, l’Empire du Milieu quant- à lui finit son jeu de Go. Il investit dans les secteurs stratégiques tout en s’adaptant aux réalités du continent et en s’écartant de la sphère politique : pas d’ingérence directe dans la sphère politique pas d’ingérence politique). La flexibilité du modèle se trouve être en phase avec les semblants de réalités africaines. En effet, les prêts accordés par la Chine sont conditionnés par la primauté des entreprises chinoises dans l’exploitation des ressources naturelles et des programmes de construction des infrastructures : il s’agit du collatéral en terme financier.

La Chine offre aux étudiants et chercheurs africains des bourses d’études afin de les imprégner de la culture chinoise pour que ces derniers soient leur porte d’entrée dans les différentes économies. Elle est également très présente dans le domaine de l’éducation avec des programmes et des instituts tels que l’institut Confucius pour la diffusion de la culture et des pratiques chinoises. La Chine dispose de 54 Instituts Confucius ainsi que 24 classes Confucius. Avec cette influence culturelle et la guerre économique à travers les IDE, les prêts, installation des usines et les accords bilatéraux, la Chine est un acteur de poids si ce n’est le plus grand acteur dans les différents domaines et secteurs des économies africaines. La Chine effraie le reste du monde, mais se présente comme le prophète des pays africains.