Prendre contact avec nous
Potentiel de commerce de la filière mangue au Sénégal : Truchement d’un modèle de gravité par approche sectorielle
Articles

Potentiel de commerce de la filière mangue au Sénégal : Truchement d’un modèle de gravité par approche sectorielle

Birame MBODJ

10 juin 2024

Avec un poids démographique assez important, qui représente près de 13% de la population mondiale, l’Afrique subsaharienne verra sa population presque doublé d’ici en 2050 avec environ 2,1 milliards de personnes selon les projections. La plupart de ses pays sont dominés par un secteur agricole qui regroupe une partie importante de la population et près de 48% eu vit. Ainsi, avec une persistance de la sous alimentation sur une longue période, le pourcentage de personnes malnutries reste le plus élevé au monde en développement (FAO, 2015).

La faible productivité des ressources agricoles, accompagnée d’une forte croissance de la population fait défaut à la sécurité alimentaire.

Toutefois, malgré une faible diversification des économies africaines, le secteur agricole parvient à occuper une place importante dans le PIB avec une moyenne de plus de 15%. Sa contribution varie d’un pays à l’autre et montre la pluralité des structures économiques des pays d’Afrique. Ce secteur (agricole), fournit les moyens de subsistance à un nombre important de petits producteurs en milieu rural, emploie plus de la moitié de sa population active totale (FMI, 2012).

De surcroit, depuis le début des années 1970, on assistait à un recul relatif de l’agriculture africaine, à une baisse moyenne des rendements, à la chute de la part du continent dans le commerce mondial agricole et agroalimentaire (de 10% à 4 % entre 1960 et 2005), ainsi qu’une dépendance plus grande aux importations de produits alimentaires.

Au Sénégal, le secteur agricole occupe une place importante. Selon le dernier Recensement Général de la Population de l’Habitat de l’Agriculture et de l’Elevage (RGPHAE, 2013), 73,8% des ménages agricoles, vit en milieu rural. L’arboriculture, un des composantes de cette activité eue est très présente et les ménages arboricoles représentent 35% des ménages agricoles. Ils représentent 56,1% de cultures fruitières de mangues, 21,4% d’agrumes et, 19,5% de bananes. L’arboriculture reste une activité clé dans le développement du secteur agricole avec la mangue qui constitue l’une des principales cultures d’arbres fruitiers du pays.

Comme dans la plupart des pays d’Afrique de l’ouest, la filière mangue fait partie des plus prometteuses. Elle sort du lot des produits et occupe une place importante comme fort potentiel dans la diversification des exportations. Elle est pour la plupart du temps destinée à la consommation locale et à l’exportation. Avec une production annuelle de 1,4 million de tonne, l’ensemble des pays de l’Afrique de l’ouest occupe la septième place des principaux producteurs de mangue.

A l’instar du Sénégal, elle est essentiellement produite en Casamance, dans la zone des Niayes, le centre et dans la moindre mesure sur la petite côte, sur une période de 6 mois étalée d’avril à septembre. La filière mangue enregistre annuellement une production qui se situe entre 150 000 à 180 000 tonnes et l’un de ses défis majeurs est l’amélioration de sa compétitivité.

Le secteur de l’arboriculture du Sénégal bénéficie des conditions pédoclimatiques favorables pour la production. La demande urbaine et le développement des exportations de fruits et légumes vers l’Europe, deviennent de plus en plus importants. Strebelle (2013) dans ses résultats trouve que, la mangue de l’Afrique de l’ouest occupe 10% du marché européen bien qu’elles avaient atteint 13% entre 2006 et 2007. A travers des données de la FAOSTAT, Il estimait très faible le volume des exportations de mangue de l’Afrique de l’ouest à 2% sur dix années. Au sens de Belmin (2017), cela semble être due à la raréfaction des ressources productives dans certains pays comme le Sénégal, où la rareté de la terre et de l’eau apparait comme un défi majeur pour la production de mangues. En plus de l’avancer rapide du front d’urbanisme, il trouve que le foncier agricole de la zone d’influence de Dakar est sous pression. D’autres facteurs, comme l’invasion des mouches des fruits occasionnent souvent des pertes, ces ravageurs pénalisent l’essor de la filière d’exportation.

Pour ce qui est de sa filière mangue, le Sénégal mise sur la promotion des produits « made in Sénégal » et la mangue occupe une place prédominante. Ainsi, depuis les années 2000, des efforts ont été consentis pour accroitre l’offre en produits du sous-secteur agroalimentaires dont la finalité est de satisfaire les besoins alimentaires.

Dans son PSE (Plan Sénégal Emergent), le Sénégal fait du développement du secteur agroalimentaire une priorité avec la mangue comme forte potentielle à l’exportation. Cependant, le potentiel d’exportation de la filière s’intensifie davantage et devient de plus en plus important, face aux facteurs bloquants qui limitent la possibilité d’étendre vers de nouveaux marchés. En adoptant une approche sectorielle du modèle de gravité, nous questionnons : Dans quelle mesure les exportations de mangue du Sénégal sont en phase avec la structure gravitaire mondiale du commerce ?

Pour répondre à cette question, une revue de la littérature sera faite. Ensuite, une étude comparative de la filière mangue au Sénégal. Il sera utile de présenter un cadre méthodologique qui consiste à estimer un modèle de gravité décliné à un niveau sectoriel par la méthode du pseudo-maximum de vraisemblance de Poisson (PPML), et les différentes sources de données. Enfin une discussion des résultats sera suivie de quelques recommandations de politiques économiques.