
Analyse critique des impacts socioéconomiques et politiques tangibles ou potentiels de la propagation du COVID-19 en Afrique de l’ouest
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, en dépit de l’irruption violente du terrorisme djihadiste transnational au début des années 2000 à l’échelle globale, ou encore des effets délétères déjà perceptibles des changements climatiques, on peut affirmer, aujourd’hui sans hésiter, que la pandémie de la nouvelle maladie à coronavirus COVID-19 est la pire crise multidimensionnelle et ubiquiste à laquelle l’humanité s’est trouvée confrontée. Les fermetures de frontières tous azimuts, impliquant un ralentissement net des échanges internationaux et la quasi-neutralisation de l’appareil productif tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, peuvent témoigner du caractère trivial de cette affirmation.
Apparu en décembre 2019 en chine dans la province du Hubei, plus précisément dans la ville de Wuhan, le COVID-19 s’est propagé, aujourd’hui, à la vitesse du son si ce n’est à celle de la lumière à l’échelle du globe, n’épargnant aucun continent sur son passage. D’où sa qualification en grade de pandémie par l’OMS le 11 mars 20201. Entre décembre 2019 et le 05 avril 2020, le COVID-19 a, officiellement, causé la mort de plus de 60 000 personnes dans plus de 180 pays et affecte plus d’1 million de malades à travers le monde.
Mais au-delà des conséquences sanitaires hallucinantes engendrées par la pandémie, il convient de relever que les mesures de distanciation sociale, en l’occurrence, celles stipulant le confinement de la population et la suspension de toutes activités économiques non-essentielles, telles que retenues par les pays les plus touchés, y paralysent quasi-totalement l’activité économique, en dehors bien sur des activités jugées indispensables à la survie de la nation. A cet effet, en Europe et aux États-Unis, des mesures monétaires exceptionnelles d’assouplissement quantitatif ont été massivement annoncées par les États qui, dans la foulée, ont reçu toutes les garanties nécessaires de leurs banques centrales respectives, afin d’apporter une réponse financière agressive et proportionnelle à la hauteur des menaces portées par le Covid-19.
Mais, bien que l’épicentre du COVID-19 se situe, aujourd’hui, en Europe et aux États-Unis, la plupart des États africains, disposant de structures sanitaires, naguère, exsangues, d’économies fortement extraverties, sans omettre la vulnérabilité et la précarité socio-économique des populations, n’est guère épargnée par les affres inhérents à la propagation de la pandémie. Car si, à la date du 3 avril 2020, le nombre de personnes décédées à cause du COVID-19 en Afrique (près de 300 morts) semblait largement dérisoire lorsqu’on tient compte de ceux enregistrés en Italie (13915), en Espagne (10000), en France (6500), en Chine (3300) ou aux États-Unis (6000), les conséquences socio-économiques et politiques pourraient, en revanche, y être potentiellement importantes. Car, en tenant compte de la faible résilience de leurs économies aux chocs extérieurs et de l’impréparation des systèmes sociaux à supporter des mesures de confinement absolues, à l’instar de celles implémentées dans des pays européens plus nantis comme la France et l’Italie, les États ouest-africains, à l’exception du Bénin, ont majoritairement répondu par la proclamation de l’état d’urgence, toutefois, avec des stratégies diverses, face à la crise du Covid-19. La proclamation de l’État d’urgence dans des circonstances exceptionnelles vise à réduire les libertés individuelles par le biais de plusieurs déclinaisons des mesures de confinement. Ce sont, par exemple, l’instauration de couvre-feu interdisant la circulation et les commerces de nuit (Cote d’Ivoire, Sénégal, Guinée, Niger, Mali, Burkina-Faso etc.), ou le confinement total des populations à l’instar de celui des mégalopoles d’Abuja et de Lagos au Nigeria, mais aussi la mise en quarantaine de grandes villes telles que Abidjan et Ouagadougou3 , d’où il est interdit d’entrer et de sortir.
Toutefois, toutes ces mesures nationales traduisant l’effort de guerre contre le Covid-19, couplées à la conjoncture internationale actuellement défavorable, forcent à penser que leurs impacts au niveau économique, social et politique réels ou entrevus, néfastes ou bénéfiques pourraient fortement secouer les systèmes de gouvernance globale actuellement en vigueur dans l’ouest-africain. Dans l’impossibilité immédiate de prétendre analyser ou prédire la réaction globale d’une Afrique en réalité disparate (54 États) à ce choc de Covid-19, nous essayerons, principalement, d’expliquer ou de conjecturer, sur la base des données statistiques et empiriques, les impacts socioéconomiques (I) et politiques (II) susceptibles de découler des mesures étatiques d’urgence prises afin de juguler la propagation du COVID sur le territoire de quelques États d’Afrique de l’ouest.
Newsletter
Vous pourriez aimer aussi

Choose Africa : La main basse de l’hexagone pour asseoir son influence sur l’Afrique
23 septembre 2020

La réforme du franc CFA, une réforme ou un repositionnement des acteurs sur l’échiquier ?
25 mai 2020

RÉGULATION DU NUMÉRIQUE EN RDC : L’ARPTIC INVESTIE AUTORITÉ UNIQUE POUR LA RÉGULATION DU NUMÉRIQUE, LA CERTIFICATION ÉLECTRONIQUE ET LA PROTECTION DES DONNÉES
9 octobre 2024

L’histoire du numérique et ses défis réglementaires en République Démocratique du Congo
7 juillet 2024

Potentiel de commerce de la filière mangue au Sénégal : Truchement d’un modèle de gravité par approche sectorielle
10 juin 2024
![[CONVERSATION] Loukman Konaté : “L’Afrique n’est pas un laboratoire de la guerre économique, mais un champ de bataille, où s’affrontent différentes puissances sans véritable ancrage local. “](https://iars-africa.org/wp-content/uploads/2022/04/Manuel_Loukman_mortier.jpg)
[CONVERSATION] Loukman Konaté : “L’Afrique n’est pas un laboratoire de la guerre économique, mais un champ de bataille, où s’affrontent différentes puissances sans véritable ancrage local. “
11 avril 2022

TRIBUNAL DE COMMERCE ET SAUVETAGE DES ENTREPRISES DANS L’ESPACE OHADA
24 février 2022
Les partenaires









