Apparu officiellement en décembre 2019 en Chine, dans la province du Hubei, plus précisément dans la ville de Wuhan, le COVID-19 s’est propagé, aujourd’hui, à l’échelle du globe, n’épargnant aucun continent sur son passage. D’où sa qualification en grade de pandémie par l’OMS le 11 mars 2020. Entre décembre 2019 et mai 2020, le COVID-19 a causé plus de 350 000 décès et a affecté plus de 4 millions de malades à travers le monde. Mais, bien que l’épicentre du COVID-19 se situe, aujourd’hui, en Europe et aux États-Unis, les États africains n’en sont guère épargnés pour autant. Jusqu’au 12 mai 2020, on comptait près 2343
décès dus au COVID-19 en Afrique sur près de 68000 cas confirmés.
Afin de lutter contre la propagation du virus, plusieurs programmes de recherches ont été lancés à l’échelle mondiale. En Afrique, notamment au Sénégal, les autorités de règlementation pharmaceutique ont, premièrement, opté pour l’adoption de médicaments déjà connus, comme l’antipaludéen hydroxychloroquine associé à l’antibiotique azithromycine, préconisés par les études du Professeur Raoult (Directeur de l’IUH de Marseille). Ailleurs, au Bénin et surtout à Madagascar, des initiatives du Professeur Valentin AGON et de l’Institut malgache de recherches appliquées (IMRA) ont respectivement développé et produit l’Apivirine et le Covid-organics (CVO). Ce sont des phytomédicaments, à base de plantes naturelles, sensés prévenir ou guérir du Covid-19.
Toutefois, ces médicaments made in Africa, ci-dessus présentés, ne font guère l’unanimité tant au plan sociétal que d’un point de vue scientifique. En effet, le Covid-organics a récemment fait l’objet d’une mise en garde de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui semble reprocher aux autorités malgaches de s’être affranchies des règles et procédures consensuelles internationales garantissant l’innocuité et l’efficacité du médicament qui conditionnent sa mise sur le marché. De la même manière, plusieurs États occidentaux et même des communautés économiques régionales d’Afrique, comme la CEDEAO, ont adopté des positions officielles similaires. Or, dans ce même temps, les autorités malgaches n’ont pas arrêté de produire et de promouvoir le CVO dont elles garantissent à leur tour, par la voix du Président malgache Andry Rajoelina, l’innocuité et l’efficacité en dépit des réquisitoires sur l’absence d’essais cliniques dont le CVO fait l’objet.
C’est dans ce contexte abscons et tendu, évoluant entre prise de positions aussi disparates qu’opposées, selon que l’on soit en faveur ou non du Covid-organics, que s’inscrit notre sujet L’OMS, Madagascar et le Covid-organics. Afin, d’élucider objectivement notre thème, nous poserons la problématique suivante: Le CVO a-t-il été interdit par l’OMS ? Sinon, que semblent reprocher l’OMS ainsi que plusieurs États d’Afrique et du monde au CVO en cette période pourtant cruciale de nouvelle pandémie de covid-19 ?
Les réserves émises par l’OMS et les autres États à propos du CVO, sont-elles légales et légitimes? Autrement dit, la production massive du covid-organics et sa distribution à grande échelle en cours a-t-elle respecté ou enfreint les conventions et règlements en matière d’autorisation de mise sur le marché ? Comment expliquer l’opiniâtreté des autorités malgaches à promouvoir la production et la distribution du covid-organics malgré les défiances internationales ? Quels pourraient être, alors, les enjeux politique, socioéconomique et géopolitique du covid-organics malgache ? Et enfin, quelles leçons à retenir de cette controverse dite du Covid-organics et quelles recommandations pourrions-nous faire pour une meilleure acceptation de la pharmacopée africaine en particulier, et, plus généralement, pour un système sanitaire africain plus opérant, plus résilient?
Telles seront les questions auxquelles nous essayerons de donner objectivement réponse. Pour y parvenir, nous présenterons, d’une part, les généralités sur le Processus consensuel international d’homologation et d’autorisation de mise de marché des médicaments (I). D’autre part, il s’agira de s’épancher, d’abord, sur le cas d’espèce de la controverse actuelle avec l’OMS, avant de présenter les enjeux socioéconomique, politique et géopolitique de la production et de la distribution du covid-organics à Madagascar et en Afrique (II).
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